lundi 20 décembre 2010

Un mois

Cela fait un mois tout juste que nous avons emménagé : l'occasion de faire le point ici.

Tout s'est bien passé même si les divers déménagements furent épuisants.
Rien de particulier donc à signaler si ce n'est que je suis bien contente.
Il n'a pas été difficile de s'habituer au nouvel appartement : je pense que c'est parce qu'il est vraiment bien. Je ne regrette donc pas de l'avoir acheté malgré le chemin semé d'embûches. Au contraire, avec le recul, je considère encore plus la chance que j'ai par rapport à bien des personnes. La chance d'avoir pu l'acheter, de l'avoir trouvé quasiment du premier coup (en ce qui concerne les visites)... Entre les gens qui n'ont pas les moyens et qui ne pourront jamais rien s'acheter, ceux qui ont beaucoup de difficultés à trouver en ce moment à cause de la hausse des prix immobiliers et de la raréfaction des biens à vendre, je mesure tout à fait cette chance que j'ai...

A vrai dire, c'était un réél coup de cœur de ma part. Cet appartement répondait à tous nos critères (taille, prix, géographie, état général...) mais il possède quelque chose en plus : une vue extraordinaire. En fait je n'avais jamais rêvé d'habiter un appartement avec une vue comme ça. Je crois que je ne pensais même pas que c'était possible pour moi! De plus, avec les travaux et le mobilier, il a vraiment fière allure. Evidemment tout n'est pas rose car ce rêve a un coût donc j'espère que tout se passera bien surtout au niveau financier (remboursement des prêts, paiements des charges...).

Voilà, je pense que si l'on a un projet, il ne faut pas hésiter à se lancer dans l'aventure car cela vaut vraiment le coup. A condition que ce projet ne soit pas complètement irréalisable bien sûr. Il est certain également qu'il est bien plus facile d'être à plusieurs pour le réaliser.
Me concernant, j'ai l'impression que j'avance dans ma vie. Je commence quelque peu à oublier la partie la plus sombre de celle-ci. Et cela je le dois surtout à une personne qui se reconnaîtra.

A la prochaine

mercredi 27 octobre 2010

Le point

Je vais mieux depuis le dernier post. Je sais bien que celui-ci n'est pas terrible en lui-même : mais cela m'a permis de sortir ce que j'avais sur le coeur à un instant i.

Entre temps, j'ai pu revoir ma patiente qui était hospitalisée depuis plus d'un mois. Je l'ai revue la semaine dernière jeudi 21 octobre et plusieurs fois depuis. Cela me fait très plaisir! J'essaye de la voir en séance 3 fois par semaine enfin c'est assez difficile quand même de lui retrouver de la place. En effet, entre temps j'ai donc eu de nouveaux patients. Au moins, c'est bien pour les domiciles : cela veut dire que je ne chôme pas. Bref, j'essaye de voir comment elle va depuis son malaise et si elle s'en remet bien. Sachant que son médecin est parti en vacances et que je l'ai vu, je tiens un peu la garde : je pourrais le prévenir si ma patiente ne se sent pas bien du tout. Je veux vraiment qu'elle fête son anniversaire début novembre dans de bonnes conditions surtout qu'elle aura 90 ans. Enfin fêter est un bien grand mot et je ne suis même pas sûre qu'elle se souvienne de la date exacte.
Vraiment de la revoir après tout ce temps, je réalise combien elle m'a manqué et surtout combien je me suis attachée à elle. Je ne saurais vraiment dire pourquoi : peut-être parce que c'est une personne agréable et également toujours souriante. Ainsi elle a toujours le sourire quand elle m'aperçoit alors même que je constate que sa vie ou du moins sa fin de vie n'est guère facile. Elle n'a plus de famille proche, sa fille est internée depuis longtemps... Elle passe donc tout son temps seule à son domicile. Elle ne sort jamais. Enfin sans doute y a-t-il pire comme vie. En tous cas, j'aurais bien aimé avoir une grand-mère comme elle (je peux me permettre d'écrire cela, sachant que je n'ai jamais connu les miennes).

D'autre part, les travaux de notre appartement avancent. Donc je commence à saisir que nous allons enfin pouvoir bientôt y vivre. Après les histoires de prêts bancaires, de report de date de signature, de travaux acharnés, mon rêve ou plutôt notre rêve se concrétise! Ca c'est fabuleux :)

vendredi 15 octobre 2010

Cela fera bientôt deux mois que j'ai repris le travail après mes vacances d'été. Mes journées se passaient plutôt bien en fait donc je n'avais rien de particulier à signaler ici.

J'aurais néanmoins pu écrire une note concernant une patiente assez âgée qui a fait un malaise début septembre. N'ayant pas eu de ces nouvelles depuis plusieurs jours , j'étais particulièrement inquiète. Je craignais qu'elle ne soit décédée. Quel ne fut pas mon soulagement quand j'ai finalement appris qu'elle était à l'hôpital! Elle était censée sortir prochainement mais depuis je n'ai toujours pas eu de nouvelles donc cela commence à m'angoisser, surtout que j'aimerais bien lui rendre visite. Cette personne est vraiment très charmante donc je m'entendais vraiment bien avec elle. J'espère sincèrement qu'elle se rétablit bien et qu'elle sortira bientôt!

D'autre part, en ce moment j'en ai ras le bol des gens qui ne viennent pas aux rendez-vous et qui ne préviennent bien entendu pas de leur absence: ça m'agace franchement.
Le plus fort est arrivé mercredi: je croise par hasard une maman dans la rue vers 13h30. Elle m'apostrophe bruyamment pour me redemander si c'est bien à 14h30 ce même jour que je vois son enfant. C'est un de mes nouveaux patients donc je lui confirme. A l'heure dite, personne... Etonnée et n'ayant toujours pas eu de ses nouvelles, je l'appelle un peu plus tard. Elle me sort une explication alambiquée selon laquelle son fils se serait blessé en faisant du vélo. Bien sûr, pas une minute elle n'a pensé à m'appeler alors même qu'on s'était croisée juste avant l'heure du rendez-vous... Encore, j'aurais pu plus croire ce qu'elle me racontait si son fils n'avait pas déjà manqué un rendez-vous il y a deux semaines soit la dernière fois que nous étions censés nous voir. Depuis, cette mère de famille était passée au cabinet mercredi dernier pour s'excuser de l'absence de son fils et reprendre un rendez-vous pour la semaine prochaine. Du coup, évidemment cela fait perdre une semaine car quand j'avais proposé de prendre son fils mercredi dernier, elle n'avait pas voulu. Elle n'avait apparemment pas prévu et compris que les séances s'effectuaient à la même heure d'une semaine sur l'autre. Voila donc on verra si la semaine prochaine son fils viendra!

Sinon, dans le même genre, j'ai un patient dont le fils n'est pas venu pendant deux séances d'affilée. Aujourd'hui, il appelle enfin pour prévenir que son fils ne pourra pas être présent. Je pense qu'enfin ce père me prévient donc c'est un bon point pour lui même s'il ne s'excuse pas pour ses absences précédentes. Erreur!
J'en profite pour lui demander une ordonnance d'un médecin pour que je puisse faire passer un bilan de renouvellement à son fils. En effet, il ne reste que des séances jusqu'au 28 octobre. Après, à partir du 3 novembre je pourrais toujours commencer ce bilan mais ensuite une fois qu'il sera fait (en plusieurs fois bien sûr) je ne pourrais pas prendre son fils en charge. En effet, nous travaillons toujours avec des médecins: ce sont eux qui nous envoient les patients grâce à une ordonnance. Nous faisons alors passer un bilan pour déterminer si le patient a besoin d'une rééducation (le compte-rendu de bilan étant toujours adressé au médecin prescripteur). Ensuite si l'on se trouve dans ce cas de figure, nous pouvons effectuer une prise en charge de 30 séances puis même les renouveler une fois par 20 soit 50 séances en tout (pour la plupart des actes concernant les enfants). Cet enfant a donc eu 50 séances c'est donc le moment de faire le point sur l'évolution de son langage.
Alors à ce moment, ce monsieur ne semble pas comprendre que j'ai besoin d'une ordonnance médicale. Donc je lui explique calmement comment cela marche. Là, il commence à m'engueuler enfin c'est sans doute un terme un peu fort. Mais disons qu'il me reproche de ne pas l'avoir prévenu plus tôt! Personne ne m'avait encore fait ça. Chacun peut aller voir un médecin et même si ça dérange sans doute un peu certains patients ou parents de mes patients, ils acceptent sans problème. Là, ce père me dit que j'aurais du le prévenir plus tôt, il me demande pourquoi je ne l'ai pas fait. D'accord, j'aurais peut-être pu le faire plus tôt mais je n'ai pas que son fils comme patient. J'en ai beaucoup d'autres et il faut aussi que je pense à de nombreuses choses dont les paiements, les bilans, les renouvellements de bilans, les demandes d'entente préalable, les compte rendus, la préparation des séances...
Bref, cette personne est assez agressive, ce qui me place dans une situation très inconfortable. Très désagréable aussi. Je lui explique bien que je comprends qu'il peut y avoir des délais d'attente pour obtenir un rendez-vous surtout dans une PMI mais qu'il peut voir un autre médecin. Il me réplique que non, qu'il ne veut pas changer de médecin si c'est un certain médecin qui suit son fils. Pourtant, je pourrais très bien envoyer le compte rendu du futur bilan aux deux médecins donc à ce médecin de PMI même si ce n'est pas lui qui a prescrit le bilan. Enfin, voila il me déclare qu'il va contacter le médecin pour que celui-ci m'envoie un mail ou qu'il se débrouille avec moi. Il n'a pas compris que les ordonnances se font uniquement sur rendez-vous. Enfin donc on verra ce qu'il se passera. La suite au prochain épisode!

samedi 25 septembre 2010

L'Ombre du vent - Carlos Ruiz Zafón

Un merveilleux livre qui m'a vraiment enchantée quand je l'ai lu il y a quelques mois. Je le recommande vivement.
Ce livre est d'ailleurs devenu un best-seller mondial avec plus de 12 millions de lecteurs de par le monde, depuis sa publication en 2001.

En fait, résumer l'histoire est complexe : disons qu'il y est question de livres maudits et de leur auteur, d'un personnage qui les brûlent , d'une histoire d'amour, d'une étrange disparition...

Voici la 4ème de couverture qui ne m'avait pourtant pas particulièrement attirée au départ!

Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges " marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours.
Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de milliers.
Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du Vent. Avec ce tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafon mêle inextricablement la littérature et la vie."


Ce roman mystérieux et poétique constitue un fabuleux récit fantastique. L'intrigue fascinante nous tient constamment en haleine. C'est également un joli récit d'initiation. Il est en effet narré par un enfant qui grandit progressivement au fil de l'histoire. L'atmosphère est envoûtante et les personnages authentiques. L'écriture est soignée. Bref, tous ces éléments réunis expliquent pourquoi ce livre est assez exceptionnel! Rares sont les livres qui nous ensorcellent comme celui-là, il faut bien l'avouer!

lundi 13 septembre 2010

On est tous un peu consternés par le monde

C’est aussi le rendez-vous 
des « foules sentimentales 
qui ont soif d’idéal » (NB : la fête de l'humanité) …

Alain Souchon. C’est-à-dire qu’on est tous un peu consternés par le monde comme il est. Consternés par la société ­d’hyperconsommation, de folie. Avoir des marques, des habits comme ceci, aujourd’hui, il y a une espèce de dépendance à l’argent qui est un peu moche, triste. Quand vous parlez avec des gens, le gars qui est intéressant c’est celui qui a du fric. Ce n’est pas : « Je voudrais être Jean-Paul Sartre, avoir le prix Nobel de littérature ou traverser l’Atlantique à la rame. » C’est « Je voudrais avoir du fric ! » Ce n’était pas comme ça avant. Qu’il n’y ait plus que le matériel qui compte, c’est tristounet.

Vous êtes quelqu’un de timide, de réservé… Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mettre dans la lumière ?

Alain Souchon. C’est amusant, mais souvent les plus grands artistes sont timides. Et dans la timidité, ils ont cherché une façon de trouver le contact avec les gens. En tout cas, moi, ça s’est passé comme ça. Je ne peux pas rester isolé. J’avais envie des autres.

Laurent Voulzy dit volontiers 
de vous : « Moi, je vois le verre à moitié plein et Alain, le verre à moitié vide bien souvent. » Vous êtes d’accord ?

Alain Souchon. C’est un peu ça. J’ai une vision plutôt pessimiste, mais en même temps, j’aime le soleil, les filles qui ont des jupes transparentes et tout ça. Je ne suis pas un hyper-mélancolique noir dans mon coin. Mais le monde est navrant. C’est dans la nature humaine. Il y a une moitié des hommes qui veut tout posséder, et l’autre, au contraire, qui dit il faut partager, s’entraider. C’est la différence qu’il y a entre la droite et la gauche. La droite laisse aller à la nature, c’est-à-dire : « Je veux gagner plus, je veux être plus fort que toi. » La gauche, elle, il me semble qu’elle cherche à réguler un peu le côté sauvage qui est en nous, ce n’est pas la peine de se le cacher.

Vous considérez souvent 
ne pas être « un professionnel en quoi que ce soit ». C’est 
un peu paradoxal pour quelqu’un à qui tout semble avoir réussi ?

Alain Souchon. Je n’ai pas cherché à réussir. J’étais perdu, vous savez. Je ne savais pas quoi faire de ma vie. Je me demandais ce que je faisais là. Rien ne m’intéressait si ce n’est les chansons, mais ça restait un passe-temps. Je ne me disais pas : « Je veux être Mick Jagger ou Léo Ferré. » Je faisais un peu de peinture, de menuiserie, des petits boulots pour gagner un peu de ronds. J’avais fait des études secondaires qui ne m’ont mené nulle part. Je n’avais pas de passion dévorante. Je me suis mis à faire des chansons vers l’âge de seize ans, des choses basiques, navrantes. Puis, je suis tombé très amoureux. Je me suis marié, j’ai eu un enfant. Ça a été une révolution dans ma vie. Je me suis dit qu’il fallait que je prenne les choses en main. J’ai fait des chansons que j’essayais de placer. C’est comme ça que j’ai écrit l’Amour 1830 pour Frédéric François. J’ai été voir des éditeurs, puis j’ai signé un contrat de disque chez RCA pour un album. C’est comme ça qu’on s’est connus avec Laurent, qui faisait les arrangements. C’est là qu’est née la chanson J’ai dix ans. Elle a eu du succès et c’est parti comme ça.

Extraits de l'entretien réalisé par V. Hache, paru dans l'Humanité le 11/09/2010.

vendredi 23 avril 2010

Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil - Haruki Murakami

C'est un livre que j'ai lu récemment et que je recommande car il m'a bien plu. Ceci étant, je ne pense pas qu'il puisse plaire à tout le monde.

Certains pourraient trouver qu'il ne se passe pas beaucoup d'événements dans ce roman. Il s'y déroule en effet peu d'événements marquants en soi car il s'agit surtout d'une histoire banale relatant une grande partie de la vie du narrateur: un dénommé Hajime. Il y raconte son évolution de son enfance à sa vie d'adulte. On suit notamment ses différentes rencontres avec des filles ou des jeunes femmes. La première avec Shimamoto-San quand il n'avait que 12 ans, est assurément celle qui l'a le plus marqué. Il l'a perdue de vue il y a très longtemps. Alors quand finalement il la retrouve de nombreuses années après, il éprouve un grand bonheur. Quelque part, il s'est toujours demandé ce qu'elle était devenue.

Le problème c'est qu'il a enfin réussi à construire sa vie: il est marié, il aime sa femme,il a deux petites filles et il gère deux bars de jazz qui marchent très bien. Donc sa vie devient tout à coup bien compliquée d'autant plus que cette Shimamoto-San paraît elle-même bien mystérieuse, avec ses propres problèmes. D'ailleurs on se demande vraiment à quoi conduira le déséquilibre créé par ces retrouvailles.

Ce roman est fictif et simple mais on sent qu'y affleurent constamment des sentiments et des interrogations bien réels. On reconnaît bien là l'univers de l'auteur, même si Murakami n'a cette fois pas employé de touche fantastique comme à son habitude. On peut peut-être le regretter. Le texte est toutefois très beau car il en émane une certaine gravité, une certaine nostalgie. Il y a également de l'érotisme: toutefois un peu trop à mon goût.

En tous cas, on peut être amené à s 'interroger sur les choix qu'on a fait ou qu'on n'a pas fait. On se pose des questions existentielles tout comme le narrateur. Par exemple, si à un moment précis quelques années avant leurs retrouvailles, Hajime avait osé parler à Shimamoto-San ou à la personne qui lui ressemblait, l'histoire en aurait été sans doute complètement changée. Finalement il y a des tas de destinées parallèles qui peuvent nous échapper et dont on n'a pas forcément conscience.
Bref, en résumé ce fut une lecture agréable.

Voici un extrait:

p85:
"Notre monde est comme ça. Quand il pleut, les fleurs poussent, et quand il ne pleut pas, elles fanent. Les lézards mangent les insectes, et sont mangés par les rapaces. Mais tous finissent par mourir et se dessécher. Une génération disparaît, une autre prend sa place. C'est une règle absolue. Il y a différentes façons de mourir. Mais c'est sans importance. La seule chose qui reste en fin de compte, c'est le désert.
Après son départ, je demeurai seul accoudé au bar à boire verre sur verre - même une fois les derniers clients partis, même une fois que les employés eurent fini de ranger et de faire le ménage, et furent partis à leur tour. Je téléphonai à ma femme, lui dis que j'avais encore des affaires à régler et que je rentrerai plus tard que d'habitude. J'éteignis toutes les lumières et continuai à boire du whisky dans le noir. Je le bus sec, c'était trop compliqué d'aller chercher les glaçons.
« Oui, tout finit par mourir, me dis-je. Certaines choses disparaissent comme tranchées d'un seul coup sec, d'autres se brouillent peu à peu et s'en vont avec le temps. Et il ne reste que le désert."

vendredi 2 avril 2010

Wislawa Szymborska – Trois mots étranges

Quand je prononce le mot Avenir,
Sa première syllabe appartient déjà au passé.

Quand je prononce le mot Silence,
je le détruis.

Quand je prononce le mot Rien,
Je crée une chose qui ne tiendrait dans aucun néant.

(1996)

jeudi 11 février 2010

Repose en paix là où tu es désormais.
Tu t'es éteinte hier. Pourquoi par opposition quand des personnes naissent ne dit-on pas s'allumer ?
Je penserai toujours à toi. Pas tout le temps mais par moments c'est certain. Tu n'étais pas ma grand-mère. Pour moi tu étais la personne s'en approchant le plus. Je n'ai jamais connu mes grands-parents. Ils n'ont même jamais su que j'existais. Donc quelque part je sais que cela me manque.
Je me souviendrai toujours de ton extrême gentillesse et de tes éclats de rires. Je te voyais chaque année tous les étés durant une semaine environ. De mes 2 mois à mes 22 ans environ.
Tu incarnais vraiment la joie de vivre des gens du Sud. Leur faconde et leur longévité aussi! Tu es partie dans ta 94ème année. Ta petite sœur à 64 ans seulement. Quel contraste! C'est la vie ou la mort.
Bien à toi.

vendredi 29 janvier 2010

L'effarante réalité des choses - Fernando Pessoa

L’effarante réalité des choses
Est ma découverte de tous les jours.
Chaque chose est ce qu’elle est,
et il est difficile d’expliquer combien cela me réjouit,
et combien cela me suffit.

Il suffit d’exister pour être complet.

J’ai écrit bon nombre de poèmes.
J’en écrirai bien plus, naturellement.
Cela, chacun de mes poèmes le dit,
et tous mes poèmes sont différents,
parce que chaque chose au monde est une manière de le proclamer.

Parfois je me mets à regarder une pierre.
Je ne me mets pas à penser si elle sent.
Je ne me perds pas à l’appeler ma soeur
mais je l’aime parce qu’elle est une pierre,
je l’aime parce qu’elle n’éprouve rien,
je l’aime parce qu’elle n’a aucune parenté avec moi.

D’autres fois j’entends passer le vent,
et je trouve que rien que pour entendre passer le vent, il vaut la peine d’être né.

Je ne sais ce que penseront les autres en lisant ceci;
mais je trouve que ce doit être bien puisque je le pense sans effort,
et sans concevoir qu’il y ait des étrangers pour m’entendre penser:
parce que je le pense hors de toute pensée,
parce que je le dis comme le disent mes paroles.

Une fois on m’a appelé poète matérialiste,
et je m’en émerveillai, parce que je n’imaginais pas
qu’on pût me donner un nom quelconque.
Je ne suis même pas poète: je vois.
Si ce que j’écris a une valeur, ce n’est pas moi qui l’ai:
la valeur se trouve là, dans mes vers.
Tout cela est absolument indépendant de ma volonté.

(Poèmes désassemblés 1915)