samedi 25 août 2007

Retour

Retour. Vacances au soleil dans le Sud. Temps magnifique. Seul réel programme quotidien : aller à la plage. Enthousiasme au début moins à la fin. L’ennui m’a gagnée. Privilège de riches, on va dire. Beaucoup de gens travaillent en Août bien sûr. Mais je pense aussi à ceux qui ont souffert dans le monde pendant cette période. Certains ne souffrent plus forcément : inondations meurtrières en Asie du Sud (plus de 2000 morts), en Irak plusieurs attentats dont un qui a tué le plus de personnes depuis 2003 (plus de 400), tremblement de terre au Pérou… Je n’ai pas envie de tout citer. D’autres sont encore là pour en subir les effets et souffrent bien évidemment.

Je mentionne peut-être souvent des événements dramatiques. Je ne sais pas trop si c’est bizarre. Ayant beaucoup de difficultés à me situer dans ce monde, il se peut que je ne perçoive que celui de façon négative. Comme si je le voyais seulement à travers un miroir déformant ou plutôt à travers des lunettes opaques qui assombriraient mon horizon.
Ainsi, le handicap que j’éprouve parfois ne me ferait retenir que les événements négatifs du monde. Cela me renforcerait dans une conviction que ce monde est pourri et que c’est donc normal si j’ai du mal à supporter ma vie. Je percevrais la grande majorité des personnes comme des gens malfaisants et ce serait pour cela que j’aurais du mal à faire confiance aux autres. Ca ne me pousserait donc pas à changer plus que ça sur un plan personnel.

Pourtant, selon moi ce n’est pas exactement cela. Même s’il y a une part de vrai là dedans car quand on se sent mal, on ressent bien plus facilement le malheur des autres. Alors que quand on est heureux, on ne ressent pas spécialement le bonheur des autres. Donc si on est pessimiste, on voit tout en noir. Mais je ne pense pas être forcément pessimiste, ce n’est pas dans mon caractère même si je ne peux pas écrire que je sois optimiste de toujours non plus. Je suis juste réaliste ;)
En plus, certaines catastrophes sont naturelles et alors là, ça n’a rien à voir avec le caractère néfaste de certains humains.
C’est peut-être un peu un sentiment de culpabilité mais pas uniquement je crois.
J’ai pu voyager dans différents endroits et même, pas besoin de ça pour se rendre compte de la chance que j’ai d’être née là : dans cette famille, dans ce pays ! Surtout que c’est vraiment juste une histoire de hasard. Je n’ai absolument rien fait pour mériter ça.
Pourtant malgré tout, j’ai bien l’impression que parfois, je n’aime pas cette société dans laquelle je vis. Je ne m’y sens pas à l’aise et je me demande si naître ailleurs, que ce soit dans une autre famille ou dans un autre pays, n’aurait pas consitué une plus grande chance pour moi. On n’est pas souvent content de ce que l’on a. C’est connu : l’herbe est plus verte chez les autres. Dans ce cas, je me sens peut-être également coupable de ne pas arriver à saisir la chance originelle que j’ai eue.

Je suis allée dans beaucoup d’endroits différents mais rarement je suis retournée dans un de ces lieux. Dans notre famille c’est ça, pas trop d’attache. Une fois, on m’avait invitée je crois mais je n’ai jamais pu me convaincre que l’on voulait vraiment me revoir.
Ici pourtant à la mer, on y vient relativement souvent : à peu près une fois l’an. Habituellement pour voir de la famille. Maintenant, il n’y a plus personne de mon âge. L’intérêt est limité pour moi surtout quand on se dit que les autres personnes de notre âge font leur vie tranquillement. Il n’y avait pas d’internet donc j’avoue que ça me manquait ! C’est bien de changer ses habitudes. Surtout si c’est devenu un peu comme une drogue. Toutefois, je sais parfaitement que je peux m’en passer dans certaines conditions et ne pas éprouver un réel manque. Pour cela, il faut juste que je vive dans un autre environnement.

Là un soir, j’ai vu un beau feu d’artifice. Je n’ai pas tant profité que ça de ce moment peut-être parce que ça ne me fait pas grand-chose. Juste après, je me suis demandé combien il avait coûté (certainement un chiffre astronomique) et si cet argent n’aurait franchement pas pu servir à autre chose. Genre aider certaines personnes. Bon, j’ai bien pensé que la mairie de cette commune avait parfaitement le droit d’utiliser son argent comme elle voulait. C’est comme ça et en soi c’est quand même bien normal ! De toutes façons il n’y aura jamais assez d’argent pour aider.

Enfin bon voilà plus ou moins ce que je pense dans ma petite tête. Certes, ce n'est pas bien intéressant mais c'est pas grave car je ne sais même pas ce qui l'est en définitive. Si au moins, je le savais...

mercredi 1 août 2007

Récidive?

Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit ici.
Dernièrement, j’ai passé de bons moments. Je ne veux pas trop détailler :) J’ai été contente, puis en colère contre moi. Se faire piéger par un virus franchement…
Finalement, c’est peut-être vrai que sur ce blog, j’écris surtout quand je ne vais pas bien.

Aujourd’hui, je me suis sentie triste.
Maintenant ça va mieux, cela dit. C’était surtout juste après ce matin car j’avais stage. En fin de compte, je commence à avoir l’habitude donc ça ne se passe pas trop mal. Même si je stresse toujours autant quand quelqu’un me regarde rééduquer un patient, qu’il s’agisse de ma maître de stage ou de l’autre stagiaire qui sont souvent présentes dans la même pièce. Enfin, j’ai moins de problèmes avec l’autre stagiaire car je m’entends bien avec elle. Et puis tout dépend du patient et du type de pathologies à rééduquer. Parfois, j’ai vraiment eu cette impression d'avoir été nulle et j’ai eu honte de moi. Heureusement que ce n’était pas très fréquent ! Je développerai peut-être plus tard sur mon stage si l’envie m’en prend.

Là, si je veux écrire c’est parce que je me suis sentie très mal.
Pourtant le temps était au beau fixe pour une fois. Un matin ordinaire, où il est toujours difficile pour moi de croiser ou de sentir le regard de certains, me dévisager dans le métro ou dans la rue.
A la fin de la matinée, un patient laryngectomisé est venu. Une personne très sympathique même si je ne le connais pas vraiment. Je ne l'ai vu que 3 ou 4 fois c’est tout. Il a eu un cancer donc, on a du lui enlever le larynx il y a 2 ans. Depuis, il a fait et il fait tellement d’efforts pour reparler. On ne peut pas se rendre compte quand on n’a jamais été soit même concerné par tout cela. On le comprend relativement bien maintenant ou la plupart du temps, même si sa voix est oesophagienne puisqu’il n’a plus de cordes vocales.

Mais voilà, il a une grosse masse suspecte dans le pharynx selon le médecin qui l’a examiné. Il doit repasser des examens complémentaires bientôt. C’est certainement une récidive de son cancer, il ne faut pas se le cacher…
Donc il doit attendre pendant plus de 10 jours pour connaître son état. C’est horrible comme situation ! Attendre sans savoir en s’angoissant, aux prises avec nos doutes. Et après être fixé : soulagé (même si c’est peu probable) ou accablé. Se dire qu’on est condamné, qu’on a sûrement plus que quelques mois à vivre…Car il ne faut pas se faire d’illusion, il a peu de chances de s’en sortir. Philosophe-t-il sur sa propre mort, ce prof de philo justement ?
Pendant cette séance, très spéciale du coup, je me sentais horriblement mal. Ma maître de stage essayait de le rassurer comme elle pouvait mais malheureusement, je crois que personne ne peut rien pour lui. C’est ça qui est dramatique. Il l'avait bien compris d'ailleurs. Bien sûr, il va subir des traitements. Mais cette fois, il n’y a plus grand-chose à enlever. Certes, je ne suis pas médecin mais notre maître de stage nous avait bien dit auparavant que l’issue dans ce cas est souvent fatale :(

L’autre stagiaire et moi, nous sommes parties avant ce patient. Car la séance s’était bien prolongée. Je lui ai dit que je me sentais mal et ça se voyait sans doute sur mon visage d’ailleurs. Mais je crois qu'elle n’a pas trop compris : elle, elle était surtout préoccupée par le fait qu’on avait fini en retard. Elle devait être pressée. Je ne lui en veux pas car je suis sûre que ça lui a fait quelque chose à elle aussi.

Je me demande pourquoi cet événement me touche autant. J’ai eu les larmes aux yeux. Ce sentiment de mort, je ne le connais pas bien. Je n’ai jamais été confrontée à des décès peut-être est-ce pour cela ? Enfin si mais pas de personnes très proches. Pourtant cet homme, je ne le connais pas non plus. Peut-être que si la personne concernée avait présenté un visage et une personnalité moins agréable, peut-être que j’aurais réagi différemment, j’avoue que je suis dans le flou. Ou alors non, c’est juste que la détresse de cette personne me renvoie à ma propre mort donc forcément ça doit faire réfléchir mon petit cerveau. Pourtant là je pense surtout à sa mort à lui. J’anticipe trop sans doute. Je me rends compte que j’arrive quand même à ressentir des émotions mais cela ne me soulage pas bien évidemment…