samedi 4 février 2012

Lutte contre le cancer

Aujourd'hui, c'est la journée mondiale de lutte contre le cancer. Avant, je n'aurais jamais spécialement fait attention à cette date. Mais c'était avant. Aujourd'hui, c'est différent. J'ai une pensée très particulière pour tous les malades qui se battent contre cette maladie et pour leur famille également.

Il y a un mois, le 3 janvier, j'ai appris que mon frère avait un cancer de la vessie. J'ai reçu un coup sur la tête : je ne m'y attendais pas. Certes, les jours précédents, l'on m'avait bien dit que certains résultats n'étaient pas bons. Je crois même que j'avais lu sur internet qu'il y avait cette issue possible. Mais je ne voulais pas y croire, conservant un espoir certain pour mon frère. Là, il s'est brutalement éteint. J'étais sidérée, dans un état de choc et de grande tristesse à la fois. Le cancer n'est vraiment pas une maladie anodine. Au contraire, ce diagnostic, terrible, effraie tout de suite. Et je n'ose imaginer comment l'a reçu mon frère. J'avais très peur de le perdre, mon frère adoré, si gentil avec moi pendant toutes ces années d'enfance.

Je me suis interrogée, frappée par un profond sentiment d'injustice.
Pourquoi lui? Auparavant, je considérais toujours que dans ma famille, on était en bonne santé comparativement aux autres.
Pourquoi à cet âge? 30 ans, c'est bien trop jeune! L'âge moyen du cancer de la vessie est de 64 ans.
Pourquoi ? Alors qu'il n'a jamais fumé, qu'il n'a pas été exposé à des produits chimiques... Plusieurs facteurs cités comme responsables de ce cancer. Il me fallait trouver un responsable. Peut-être était-ce une forme génétique assez rare? Ou le destin, un mauvais karma...?
Ce n'était pourtant pas l'essentiel mais mon esprit gambergeait. Il s'agissait sans doute d'une étape pour pouvoir accepter cet état de fait et non la maladie, bien sûr.
Ainsi, je repensais à ces mois précédents. Après une 2ème opération (retrait d'un polype) en juin dernier, mon frère n'aurait-il pas dû subir un traitement précis (instillations de BCG par exemple) pour prévenir une récidive? Je remettais en question, en doute, la compétence de son jeune médecin. Cela ne servait à rien, c'était trop tard : mon frère avait cette maladie et c'est bien ce docteur qui allait l'opérer...

Mon frère allait devoir subir une très lourde opération chirurgicale, une ablation totale de la vessie entre autres, car son cancer en était à un stade très avancé. J'étais très inquiète, absolument pas rassurée et j'ignorais comment soutenir mon frère en cette période très difficile pour moi, mais évidemment surtout pour lui. Je ne savais pas comment il allait. Il fallait se montrer forte et normale : ce n'était pas facile. Je voulais lui transmettre du courage pour qu'il puisse affronter toutes ces épreuves. Je voulais qu'il sache que je pensais bien fort à lui.

La situation n'était pas du tout normale. J'étais très triste, je pleurais souvent. Le soir, j'éprouvais beaucoup de difficultés à m'endormir. Pendant la journée, des pensées m'assaillaient. Comme me l'a fait remarquer ma mère, ce n'était pas la période pour avoir un cancer (comme s'il y avait un bon moment). On nous souhaitait constamment une Bonne Année et souvent une bonne santé avec ou alors, il fallait présenter nos vœux. C'était dur car ça nous ramenait à la triste condition de mon frère. Il fallait malgré tout conserver un visage souriant, ne pas craquer. Dans les transports en commun, je devais faire une sale tête à certains moments.
Je voulais que mon frère guérisse vite mais je n'étais déjà même pas assurée qu'il puisse gagner son combat contre ce satané crabe.

Il s'est fait opérer le vendredi 13. Quelle date insolite! Était-ce à considérer comme un jour de chance ou de malchance? Pour moi, c'était très particulier. J'avais très peur qu'il ne se réveille pas ou qu'il survienne un problème quelconque. 6h ou plus, c'est une durée impressionnante! J'avais aussi lu que parfois quand le cancer est trop disséminé, les docteurs refusent d'enlever la vessie. Heureusement, tout s'est finalement bien déroulé et la tumeur a pu être retirée. J'étais donc évidemment soulagée. Une vessie artificielle avait pu être créée grâce à un morceau de l'intestin. Je pensais que c'était toujours mieux qu'une poche plastique collée sur le corps-même. Cependant, l'atteinte corporelle était définitive. Si cela pouvait sauver mon frère, je l'acceptais.

En lui rendant visite à l'hôpital, j'ai quand même déchanté. Il était dans un tel état : très fatigué et il semblait avoir très mal. Il était sous perfusion et il était très gêné par ses multiples sondes. Il n'avait pas le droit de boire une seule goutte d'eau alors qu'il en avait très envie. J'ai compris que son complet rétablissement demanderait du temps.
Tous les jours, je prenais de ses nouvelles par mes parents et tous les jours je guettais des signes encourageants, les moindres progrès. Un jour, j'ai appris les résultats de son analyse des ganglions retirés pendant l'opération. Ils n'étaient pas touchés donc concernant le pronostic vital, les chances de guérison sont bien meilleures dans ce cas. J'ai repris espoir.
De plus, ma 2ème visite fut plus rassurante pour moi. Mon frère allait mieux même s'il ne pouvait toujours pas manger normalement. En sortant, je me sentais un peu mieux.
2 semaines après son opération, quand il est enfin sorti de l’hôpital, j'étais soulagée. J’espérais que sa convalescence se passerait bien, qu'il reprendrait des forces et un bon moral.

A ce jour, il est toujours en convalescence, arrêté jusqu'à la fin du mois.
Courage mon frère et merci à C pour son soutien constant.