dimanche 3 février 2008

Un court passage que j'ai envie de citer.

"Autant que l'Espagnol, en effet, le français était ma langue maternelle. Elle l'était devenue, du moins. Je n'avais pas choisi le lieu de ma naissance, le terreau matriciel de ma langue originaire. Cette chose - idée, réalité - pour laquelle on s'est tellement battu, pour laquelle tant de sang aura été versé, les origines, est celle qui vous appartient le moins, où la part de vous-même est la plus aléatoire, la plus hasardeuse : la plus bête, aussi. Bête de bêtise et de bestialité. Je n'avais donc pas choisi mes origines, ni ma langue maternelle. Ou plutôt j'en avais choisi une, le français."

Jorge Semprun, L'Ecriture ou la vie, p352.

Une citation de René Char : Jorge Semprun mentionne souvent ce poète dans son livre.

"Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver."

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